HEC Paris > Programme Grande École (PGE) > HEC, de sa création à nos jours
Plan de l’article :
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1881 – 1945 : Des débuts difficiles.
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1945 – 1964 : Développement inspiré des business schools américaines et déménagement.
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1962 – 1975 : Internationalisation et ouverture au filles.
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1975 – 2007 : Développement de la recherche, de la spécialisation et du lien avec la recherche.
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HEC Aujourd’hui.
1. 1881 – 1945 : Des débuts difficiles
L’école des Hautes Etudes Commerciales de Paris (HEC) accueillit pour la première fois des étudiants le 4 décembre 1881. La première promotion comptait seulement 57 étudiants et l’école était alors située au 108 boulevard Malesherbes à Paris.
Le 108 boulevard Malesherbes,
lorsque HEC y avait encore ses locaux.
Le 108 boulevard Malesherbes, qui accueille aujourd’hui des locaux de la Sorbonne Paris IV.
Après la défaite de 1870, beaucoup cherchèrent à renouveler les élites françaises et son système éducatif. Ernest Renan écrivait : « il faut créer l’élite, qui […] donnera le ton à toute la nation. […] Il manque en France un système de haute culture […] il faut l’organiser ». Gustave Roy, le président de la Chambre de Commerce, s’inscrivit dans cette volonté de renouvellement lorsqu’il lança le projet de création de HEC en 1879. Il avait l’ambition d’œuvrer à une meilleure reconnaissance du rôle de l’économie.
Le ministre des colonies de l’époque, Maurice Rouvier, déclara lors de l’inauguration de l’école, le 4 décembre 1881 : « Votre œuvre, messieurs, a un double mérite : elle procède d'une pensée élevée et féconde et elle vient à son heure. Je dis qu'elle vient à son heure car nous touchons au moment où les questions de l'ordre économique, commercial et financier sont appelées à prendre une part de plus en plus large ». Selon Maurice Rouvier l’école « vient à son heure ». Elle ouvrit pourtant ses portes bien après une autre école de commerce renommée aujourd’hui : l'ESCP, qui fut créée en 1819. HEC naît aussi après d’autres écoles de commerce crées suite à la guerre de 1870 : Les Écoles Supérieures de Commerce du Havre et de Rouen furent créées en 1871, celles de Lyon et Marseille en 1872.
L’association HEC alumni fut créée dès 1883. Mais le début de l’école fut loin du prestige qu’elle connait actuellement : elle était assez peu connue et le nombre d’élèves diminua même de 401 à 277 entre 1902 et 1904. Elle souffrit de conditions économiques négatives à la fin du XIXème siècle. La baisse du rythme des affaires limita les subventions accordées par la chambre de commerce de Paris et rebuta les potentiels candidats en raison du manque de débouchés. La fermeture de l’école fut même envisagée. L’un de ses principaux atouts était alors le fait qu’elle permettait aux étudiants de ne réaliser qu’un an de service militaire à la place des trois ans normalement imposés, comme le montre cet extrait du Livre d’Anatole France, Monsieur Bergeret à Paris :
« Je venais, cher monsieur Bergeret, vous demander un conseil. Il s'agit de mon fils Adhémar dont la situation me préoccupe. Un an de service militaire, c'est déjà bien long pour un fils de famille. Trois ans, ce serait un véritable désastre. Il est essentiel de trouver un moyen d'exemption. J'avais pensé à la licence ès lettres... Je crains que ce ne soit trop difficile. Adhémar est intelligent. Mais il n'a pas de goût pour la littérature.
- Eh bien, dit M. Bergeret, essayez l'École des hautes études commerciales (...) »
L’admission se faisait d’abord sur examen, dès seize ans, avec l’aide d’une école préparatoire admettant les candidats à partir de 15 ans sans examen. Les bacheliers étaient même admis de droit. HEC était alors considérée comme une école simple pour enfant de bonnes familles. Beaucoup de fils de petits industriels et commerçants qui peuplaient les bancs de l’école savaient qu’ils auraient un emploi grâce à leur famille et ne se sentaient pas obligés de travailler intensément au sein de l’établissement.
Dans son écrit sur l’histoire de l’école, Marc Nouschi explique que HEC « exerce un faible attrait sur les enfants de la bourgeoisie : ils préfèrent, s'ils ont un haut niveau scolaire, tenter leur chance dans les écoles d'ingénieurs, ou bien intégrer cette éternelle rivale, en même temps qu'elle est un modèle pour H.E.C., l'École libre des sciences politiques. Alors l'établissement du boulevard Malesherbes n'arrive que loin derrière Saint-Cyr dont elle s'est inspirée pour son règlement intérieur. Ne s'y présentent que les candidats qui n'ont ni les qualités requises pour les écoles d'ingénieurs ni celles indispensables pour l'École Normale Supérieure, autrement dit des élèves peu brillants et très faiblement motivés ou alors quelques héritiers de grandes familles. »
Pour contrer cette image, la direction de l’école créa en 1892 un concours, qui fut supprimé en 1906 et réinstauré en 1913. Cette année-là, le ministère de l'Instruction Publique accepta d’ouvrir une douzaine de classes préparatoires dans les lycées pour l’école. Un concours existât même pour rentrer directement en deuxième année, en 1921. Une « Maison des élèves » fut créée en 1929 pour accueillir les meilleurs élèves de Province et leur permettre de venir à Paris. Durant les années trente, le rayonnement de l'École restait cependant limité à la région Parisienne.
HEC mit du temps à trouver sa propre manière d’enseigner et ne dispensait d’abord que des cours magistraux théoriques, les élèves ne devant effecteur aucun stage. Les travaux pratiques furent introduits au début du XXème siècle. En 1904, la structure indifférenciée évolua en un système optionnel et trois sections furent introduites en deuxième année : « commerce et industrie », « commerce et banque » et « colonie ». En 1938, la scolarité passa de deux à trois ans et le stage obligatoire en entreprise fut introduit. HEC resta ouvert durant la guerre, même si les conséquences économiques du krach de 1929 et de la guerre l’atteignirent. En 1940, moins de cent élèves sortirent diplômés de l’école.
2. 1945 – 1964 : Développement inspiré des business schools américaines et déménagement
Après la guerre, l’école s’inspira des business schools américaines et une délégation partit même étudier ce modèle en 1952. L’école adopta la méthode des cas, inventée à Harvard. Des professeurs titulaires de MBA américains furent recrutés. Guy Lhérault, le directeur de l’école essaya aussi à cette époque de scientifiser la gestion pour la légitimer, en donnant une place plus importante aux mathématiques, à la finance et au contrôle de gestion.
En 1964, l’école se sépara de ses locaux historiques, devenus trop petits suite à son développement. Elle s’installa dans les 130 hectares du parc du château de Jouy-en-Josas, anciennes terres de chasse du baron Adolphe-Jacques. Le nouveau campus fut inauguré par le Général de Gaulle.
L’inauguration du nouveau campus par le général de Gaulle en 1964.
Ce déménagement fut critiqué, mais il permit à HEC d’adopter à partir de 1962 un corps professoral permanent, qui comptait 79 enseignants en 1970. Il permit aussi la création de formations complémentaires : la formation continue pour les cadres, un programme doctoral visant à former des professeurs en gestion et l'Institut supérieur des affaires (ISA), programme MBA destiné à des gens ayant déjà une qualification élevée. Le nouveau campus profita de nouvelles infrastructures : Jouy-en-Josas fut relié à Paris grâce à l’inauguration de la N118 et sa gare fut reliée au RER C en 1981.
Le château du campus de Jouy en Josas.
3. 1964 – 1975 : Internationalisation et ouverture au filles
Dans les années 1970 et 1980, l’école s’internationalise. Elle crée en 1973 un programme d’échange avec la New York University et la London School of Economics : le Partnership in International Management (PIM). Elle réalise aussi des accords avec l'ESADE de Barcelone, l'Université Bocconi de Milan, McGill à Montréal, etc. En 1975, HEC ouvre un concours réservé aux étudiants étrangers.
Le concours d'entrée est ouvert aux filles à partir de 1973 et 27 d’entre elles le réussissent cette année-là. L'école de Haut Enseignement Commercial pour les Jeunes Filles (HECJF), qui leur était réservée depuis 1916 disparaît ainsi en 1976. Les jeunes filles y recevaient les mêmes enseignements que les garçons (gestion, économie, droit, marketing, langues étrangères, etc.), mais recevaient aussi jusqu’au début des années 1970 des cours de sténographie et de dactylographie, présentés comme des « travaux pratiques » pouvant s'avérer utiles. En 1985, les filles représentent 30 % de la promotion de HEC et dans les années 2000 entre 45 et 50 %.
4. 1975 – 2007 : Développement de la recherche, de la spécialisation et du lien avec les entreprises
HEC s’ouvre de plus en plus à la recherche, avec le programme doctoral qui voit le jour en 1975. L’école n’obtient cependant le droit de décerner le titre de docteur qu’à partir de 1985. Signe que HEC a rattrapé son retard sur l’ESCP, pourtant créée avant elle : l’ESCP n’obtient ce droit qu’en 2012. La part d'enseignants-chercheurs augmente alors dans le corps professoral permanent, qui continue de croître. Le Groupement de Recherche et d'Etudes en Gestion d’HEC (GREGHEC), un laboratoire de recherche sous la tutelle du CNRS et d'HEC est créé en 2004.
HEC permet à ses élèves d’opérer une plus grande spécialisation, avec les filières « Finance » et « Entrepreneurs », qui apparaissent en 1986. L’école développe aussi ses liens avec les entreprises, grâce aux chaires financées par certaines d’entre elles. La fondation HEC est créée dans le but de développer ces liens en 1972. Elle permet de développer le financement de l'école par les entreprises.
Parallèlement à ces évolutions, HEC continue son internationalisation. En 1988, est créé le réseau CEMS (Community of European Management Schools) avec l'Esade, Bocconi et l'Université de Cologne. En 2000, le Groupe HEC devient la première école de commerce française à obtenir la triple accréditation EQUIS, AMBA et AACSB, qui reconnait son développement international.
5. HEC aujourd’hui
HEC rejoint en 2008 l'université Paris-Saclay comme « membre fondateur ». En 2016, HEC est le premier établissement à adopter le nouveau statut d'EESC (Établissement d’enseignement supérieur consulaire), qui permet aux écoles de commerce de se doter d’un capital et d’y faire entrer des investisseurs.
L’école poursuit par ailleurs son développement digital et lance en 2017 son premier programme Master intégralement en ligne : le MSc in Innovation and Entrepreneurship, dédié à l’innovation et l’entrepreneuriat. La même année, l’incubateur de l’école (créé en 2007) déménage à la station F : le plus grand campus de start-ups au monde.
HEC compte désormais plus de 4500 étudiants, près de 140 professeurs permanents et plus de 114 partenaires internationaux. HEC dispose d’une douzaine d’implantations sur le continent africain, ainsi que de campus en Chine et au Qatar.