top of page

Académique > Être surdiplômé, une fatalité aujourd’hui ?

Image1 (2).png

Selon une étude Centre d’études et de recherche sur les qualifications (le CEREQ), le salaire des Français très diplômés est aujourd’hui inférieur à celui de ceux qui ont commencé à travailler en 1998. Cette constatation illustre bien le problème de la massification des diplômes et de la réduction des débouchés pour les étudiants surdiplômés. Pourtant, le surdiplôme provient justement de la volonté des étudiants de sécuriser leur parcours face à une situation économique dégradée, source d’incertitudes et de frustrations, comme le rappellent les sociologues Maurin et Peugny. Comment expliquer ce paradoxe inquiétant ?

MEDC N°1 - 3.png

Une réalité sociale 

 

Une personne surdiplômée se définit comme une personne possédant plus de diplômes que nécessaire. La définition sociologique joue plutôt sur l’excès d’éducation, en qualifiant le surdiplômé « d’individu dont le niveau de formation dépasse celui normalement requis pour l’emploi occupé ». Dans tous les cas, on constate le même dénominateur commun : l’absence de correspondance entre le haut niveau des études et les compétences réellement requises.

 

Chaque année, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur est toujours plus important. En parallèle de ce phénomène de massification s’ajoute celui de l’allongement des études supérieures, avec l’obtention d’un Master 2 qui se pose comme la nouvelle norme.

 

C’est notamment ce qu’explique Julien Gonzalez avec le terme de « masterisation » : en généralisant la formation « licence-master-doctorat », les universités ont contribué à élever le nombre de diplômes socialement requis pour se donner l’assurance de trouver facilement un travail. Or au contraire, selon l’auteur, le nombre de bac +5 délivrés est deux à trois fois supérieur à ce que le marché du travail est en mesure d’absorber. Il y a donc une inadéquation entre la croissance des diplômes et la croissance des postes qualifiés.

 

 

La désillusion face au marché du travail

 

Ce phénomène de surdiplôme a des conséquences sociales, économiques et psychologiques fortes. En effet, après des études longues et coûteuses, un constat amer est fait par de nombreux étudiants surdiplômés : la difficulté à entrer dans le monde du travail et l’énorme écart entre le niveau intellectuel requis pour obtenir un diplôme bac +5 et les compétences concrètes requises pour effectuer un travail au quotidien.

 

Le problème vient d’abord de l’absence de stage jusqu’au Master. Contrairement aux stages obligatoires ou aux divers programmes en alternance proposés en grandes écoles, les étudiants à l’université semblent davantage déconnectés de la réalité économique et sociale. Il n’y a quasiment pas de parcours professionnalisant à l’université.

 

Ensuite, la massification de l’enseignement supérieur tend à dévaluer le diplôme. Si l’étudiant surdiplômé se prémunit tout de même du chômage, il n’est pas garanti qu’il obtiendra une insertion à hauteur de son niveau de formation initiale. Cela peut être très frustrant de devoir se rabattre vers des postes moins qualifiés.

 

 

Faire jouer ses atouts

 

Faire de longues études reste tout de même un atout et le statut d’étudiant permet de continuer à apprendre tout en se préparant à entrer dans le monde du travail. Afin de s’assurer un avenir professionnel cohérent avec ses études, la piste du stage reste à privilégier. Le baromètre de l’humeur des jeunes diplômés de Deloitte, révélait que 41 % des sondés avaient trouvé leur emploi grâce au réseau, constitué notamment à travers les stages en entreprise.

 

Les diplômes constituent également une assurance pour l’employeur : la personne peut en effet se prévaloir de posséder un large champ de connaissances, de multiples compétences et une approche nuancée sur certains problèmes.

bottom of page