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EDHEC > Vie associative > Interview d’Ines Jazaerli, cofondatrice d'EDHEC Inspiring Women
Bonjour, Ines, peux-tu te présenter ?
Bonjour ! J’ai obtenu un baccalauréat scientifique spécialité mathématiques mention Bien. À la suite de cela, toutes les portes s’étaient ouvertes à moi (Dauphine, classe préparatoire). J’ai rapidement compris que la classe préparatoire n’était pas un choix qui me convenait, car j’avais besoin d’entreprendre des projets, même en parallèle de mes études. J’ai donc fini par rejoindre l’Université Paris Dauphine en Mathématiques et Informatique où j’ai fait mes deux premières années de licence. En deuxième année de licence, j’ai découvert qu’il existait un concours AST1 me permettant de rejoindre l’EDHEC. J’ai donc préparé le concours pour entrer en Pré-Master (équivalent d’une licence 3). J’ai réussi le concours, mais une non-validation du module de probabilités multidimensionnelles m’a empêchée d’accéder à l’EDHEC et m’a redirigée vers une licence 2 en Économie et Gestion à l’Université de Bordeaux.
Déterminée et persévérante, j’ai repassé le concours à la fin de ma deuxième année de licence et j’ai pu enfin rejoindre l’EDHEC. J’y ai ensuite suivi mon Master en alternance (European Apprenticeship Track) en tant que chef de projet de paiement monétique chez Fnac Darty et une summer school à l’Imperial College à Londres durant mon Master 1.
J’ai été diplômée d’un Master en Business Management et d’un Master of Science en conseil et stratégie début janvier 2021 et très vite j’ai décroché mon premier CDI (contrat à durée indéterminée) au Crédit Mutuel en tant que chargée de marketing et appui commercial dans le secteur des paiements.
Est-ce que tu avais déjà, avant d’entrer à l’EDHEC, des engagements associatifs ?
J’ai toujours été très engagée. Lors de mes années collège à Alger, j’avais rejoint une association qui était la version jeune du Rotary Club (Interact Alger-LIAD) et organisé une soirée pour récolter des fonds pour les personnes défavorisées. Ensuite, j’ai continué à Paris au Rotaract Club. Lorsque j’étais à l’Université Paris Dauphine, j’avais lancé un site internet pour mettre en avant de jeunes talents algériens. Mon objectif est vraiment d’aider les personnes à devenir la meilleure version d’eux-mêmes. Quand j’étais petite, je trouvais toujours des gens pour m’aider et je trouve que c’est important de retransmettre cette aide. Même si je suis moi-même jeune, j’aime cet aspect d’entraide pour grandir.
Qu’est-ce qui t’a poussée à créer une association féministe : EDHEC Inspiring Women ?
J’ai rencontré les cofondatrices d’EDHEC Inspiring Women à ma table lors d’une soirée organisée à l’EDHEC par le BDE (Bureau des Étudiants) pour que les élèves se rencontrent. Elles étaient en Master 1 et moi j’étais en prémaster. Elles ont rejoint des associations, mais pas moi, je pensais aller travailler à l’incubateur plutôt qu’en association. Cependant, au mois de décembre, une des filles que j’avais rencontrée m’appelle. Elle était devant sa télévision et écoutait le scandale de l’affaire Harvey Weinstein. En parallèle, le mouvement #Metoo se relançait, et elle s’est dit qu’on devrait créer une association féministe à l’EDHEC. J’ai adhéré tout de suite, mais j’ai proposé d’orienter l’association vers des objectifs plus professionnalisants.
Mon objectif était de permettre aux étudiantes de rencontrer des femmes du monde professionnel pour les inspirer, les préparer au monde professionnel, leur ouvrir les yeux sur des problématiques difficilement observables à l’école, mais qui sont bel et bien réelles sur le marché du travail notamment le plafond de verre, le manque de confiance généralement observé chez les femmes et qui les empêche d’oser et de s’accomplir. J’avais également pour ambition qu’EDHEC Inspiring Women les encourage à oser s’orienter vers des parcours d’excellence vers lesquels elles ne se seraient pas instinctivement tournées et où les femmes ne sont pas assez représentées (finance de marché, informatique, code, etc.).
Selon moi, pour changer les mentalités, il est important de changer cette vision de sexisme auprès des hommes et des femmes dès l’école, car c’est là que les personnes apprennent à formuler un raisonnement et c’est souvent aussi à l’école que sont formés nos futurs dirigeants.
En quoi consiste la création d’une association à l’EDHEC ? Comment as-tu procédé ?
Après le mois de décembre 2017, j’ai accéléré les démarches administratives. À l’origine on ne peut pas créer une association à deux, nous avons donc rassemblé du monde pour être cinq. Ce n’était pas évident, car il y a beaucoup d’associations à l’EDHEC. Mais comme c’était une association à fort potentiel, l’EDHEC a accepté. Elle a donc été créée début janvier 2018 et dès le 8 mars (journée internationale des droits de la femme) suivant, l’EDHEC avait fait une annonce sur l’association.
Au premier semestre, nous avions recruté une trentaine de personnes, mais beaucoup d’internationaux et de membres qui étaient en doublons avec d’autres associations.
Comme il y avait peu de prémasters, l’année suivante c’était très compliqué de reprendre l’association avec tout le monde qui partait en césure. En septembre 2018, je me suis retrouvée seule dans l’association avec une personne intéressée. Si j’arrêtais, l’association coulait, sachant que je partais en alternance en janvier 2019 et que je ne pouvais plus m’en occuper. J’ai donc lancé les recrutements seule en faisant massivement de la publicité sur les réseaux sociaux. J’ai essayé de convaincre les élèves de nous rejoindre. À chaque fois il y avait de plus en plus de monde et finalement, j’ai réussi à réunir une trentaine d’élèves.
Avant de partir en alternance, je m’étais arrangée pour que l’association soit très autonome. Généralement, durant les assemblées générales (AG), seuls les membres du bureau sont sur l’estrade et font le point sur le travail en cours. Je ne voulais pas habituer les membres à ce fonctionnement, j’ai donc changé la manière de faire pour que ce soient les chefs de chaque département, à tour de rôle, qui président l’AG en allant sur l’estrade pour présenter l’avancement de leur travail.
L’histoire d’EDHEC Inspiring Women est donc remplie d’embuches, à la fondation, c’était un combat pour survivre et être légitime, car d’autres associations de l’EDHEC sont très anciennes et il faut du temps pour se construire, surtout lorsqu’on a une thématique comme la nôtre qui est sujette à controverse.
Qu’est-ce que tu retiens personnellement de la création de cette association ?
J’ai appris à me battre, à avoir des responsabilités et à être vraiment actrice comme dans une start-up qu’il faut pousser. Cela m’a demandé plus de sacrifices, car l’association n’était pas déjà toute prête, mais cela m’a permis d’apprendre comme il y avait beaucoup à faire. Il n’y a rien de plus beau que de s’investir dans un projet à fort potentiel. Mon ambition est qu’EDHEC Inspiring Women soit connue au niveau étatique. Cette association est encore jeune et le projet a besoin d’être mis en valeur par des esprits ingénieux. Tout le monde ne peut pas rentrer dans l’association et en faire quelque chose, son avenir est déterminé par les gens qui y seront. Chaque personne qui rentre dans cette association marque l’histoire.
Comment avez-vous trouvé le nom de l’association ?
En fait, il y a eu une erreur dans le nom de l’association. Au début, nous voulions transmettre le message de femme puissante, qui a de l’influence et de l’impact sur son environnement. Le nom de l’association était donc EDHEC Influent Women. Cependant, en plein recrutement pour l’association, une étudiante très forte en anglais nous a dit qu’« influent » ne se disait pas en anglais. Par conséquent, « influent » a été remplacé par « inspiring ».
Quel est ton plus beau souvenir en tant que cofondatrice d’EIW ?
Je n’en ai pas un en particulier, c’est une série d’événements qui m’ont rendue heureuse. Par exemple, le fait de réussir à convaincre des professionnelles de prendre une journée pour donner une conférence à l’EDHEC pour les étudiants, il n’y a pas plus gratifiant que cela. Le jour où j’ai reçu le pull de l’association alors que je n’y étais plus, j’étais très heureuse. Lorsque je suis allée aux entretiens de recrutement et qu’on me présentait comme cofondatrice, c’était très flatteur. Même lorsque j’étais face aux situations catastrophiques et que l’association était critiquée, j’étais heureuse, car l’essentiel c’est qu’on en parle. Chaque bataille est une victoire. Le fait de revoir la photographie sur internet que nous avions prise devant le manoir de l’EDHEC m’a emplie de joie aussi. Générer de l’engagement est satisfaisant, il faut savoir motiver des gens à s’investir avec toi, c’est une histoire d’équipe et de cohésion.
Est-ce que tu aurais quelque chose à rajouter ? Un message que tu voudrais faire passer à travers notre échange ?
Osez rejoindre le combat. Rentrez dans l’histoire et créez quelque chose qui a du potentiel. Participez à créer le succès qu’EDHEC Inspiring Women mérite.